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zon. Le découragement le gagne, la soif brûle ses lèvres, il sent la mort venir avec la nuit ; il pense à sa femme, à ses enfants, à sa tribu, et il se couche par terre en s’écriant : « Dieu est Dieu ! mon heure est venue, et voici le lit de mon dernier sommeil. »

» Tout à coup il entrevoit, aux dernières lueurs du crépuscule, une grande ombre qui court dans le lointain. Il rassemble ses forces et s’élance pour l’atteindre. Ô bonheur ! c’est un chameau, le sien, sans doute, car il croit reconnaître à tâtons, dans l’obscurité, les sacoches et les outres pendues à ses flancs. Il saute sur son dos, et le lance à la recherche de Hassan ; mais il a beau l’appeler à grands cris et sonder le désert dans tous les sens, rien n’apparaît. Le troisième jour, il tombe dans le campement d’une tribu inconnue : c’était celle d’Hassan. Les Bédouins reconnaissent le chameau de leur frère, ils entourent Hamzi, ils lui demandent où est Hassan, ils l’accusent de l’avoir tué pour lui voler son chameau. Hamzi proteste, et raconte son aventure ; mais on refuse de le croire, et on l’entraîne devant le cadi. « Voilà, s’écrièrent les fils et les filles d’Hassan, voilà celui qui a tué notre père. Mort au meurtrier ! mort à celui qui massacre ses frères égarés dans le désert ! » Le cadi livre Hamzi à la colère de la tribu, et le condamne à être décapité avant le coucher du soleil.

» Hamzi se résigne à la volonté de Dieu ; mais il demande aux scheiks une trêve de six jours pour aller faire ses derniers adieux à sa famille et lui distribuer son héritage. Il leur jure, par le ciel, par le Prophète, par la tête de sa mère, par la barbe de son vieux père, de se vouer à leur