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avec les tribus éloignées de Neggde et Hamade, dont les chevaux sont la fleur des haras et des pâturages de l’Arabie. Après trois jours de marche dans le désert, il rencontre un voyageur assis par terre, et fumant sa pipe à l’ombre de son chameau, qui broutait les plantes épineuses que germe le sable après les pluies. La solitude est hospitalière ; elle rapproche tous ceux qu’elle entoure, et qui se rencontrent dans son sein. Hamzi descend de son chameau, aborde et salue l’étranger, allume sa pipe à la sienne, et les voilà qui se racontent l’un à l’autre les aventures de leur vie et de leurs voyages. L’étranger se nommait Hassan, de la tribu d’Hamour. Ils conversent ainsi longtemps jusqu’au déclin du soleil, qui les avertit de poursuivre leur route. L’un allait au sud, et l’autre au couchant. Ils se lèvent pour se séparer, mais leurs chameaux ont disparu. Hamzi ne conçoit d’abord aucune inquiétude, car le vent agite le désert comme la mer, et soulève parfois en un clin d’œil des vagues de sable entre les voyageurs d’une même caravane, comme les flots cachent les vaisseaux les uns aux autres pendant une tempête. Ils tournent les monticules, ils montent sur les dunes, pour découvrir plus d’horizon ; mais le désert est vide comme le ciel. Hamzi dit à son compagnon : « Qui sait si nos chameaux ne se seront pas battus entre eux, et si l’un n’aura pas tué l’autre ? Allons chacun de notre côté, et que celui qui le premier aura retrouvé sa monture revienne prendre son frère en croupe, et le ramène dans sa tribu. » Puis, après s’être embrassés amicalement, ils se séparent. Hassan court du côté du sud, et Hamzi du côté du levant.

» Hamzi marche pendant deux heures entre le ciel et le sable, sans voir seulement pointer un brin d’herbe à l’hori-