Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

absolu. Cet état de demi-indépendance de la Servie est encore contesté par les Turcs. Le traité d’Akerman n’a rien résolu en 1827. Une diète eut lieu à Kraguzewatz ; on devait y prendre connaissance du traité d’Akerman. Milosch se leva, et dit :

« Je sais qu’il s’est trouvé des gens mécontents du châtiment infligé par mes ordres à quelques perturbateurs. On m’a accusé d’être trop sévère et trop avide de pouvoir, tandis que je n’ai d’autre but que de maintenir la paix et l’obéissance qui sont exigées avant tout par les deux cours impériales. On m’impute aussi à crime les impôts que le peuple paye, sans songer combien coûte la liberté que nous avons conquise, et combien l’esclavage coûte plus cher encore ! Un homme faible succomberait aux difficultés de ma situation. Ce n’est qu’en m’armant pour votre salut d’une infaillible justice que je puis remplir les devoirs que j’ai contractés vis-à-vis du peuple, des empereurs, de ma conscience, et de Dieu lui-même. »

Après ce discours, la diète rédigea un acte qui fut présenté à Milosch et envoyé à la Porte, acte par lequel les Serviens, par l’organe de leurs chefs, juraient obéissance éternelle à Son Altesse le prince Milosch Obrenowitsch et à ses descendants. La Servie avait payé sa dette à Milosch : il paye maintenant la sienne à la Servie. Il donne à sa patrie des lois simples comme les mœurs, mais des lois imprégnées des lumières de l’Europe. Il envoie, comme autrefois les législateurs des peuples nouveaux, de jeunes Serviens voyager dans les grandes capitales de l’Europe, et recueillir des renseignements sur la législation et l’administration, pour