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sans abri et sans vêtements, que je m’engageais à solliciter du drayhy la restitution de leurs bagages et de leurs tentes ; et que je connaissais assez sa magnanimité pour répondre du succès de ma demande, s’ils entraient franchement dans l’alliance dont je venais de leur prouver les avantages. Et tous d’une seule voix s’écrièrent : « Tu as vaincu, Abdallah ; nous sommes à toi à la vie, à la mort ! » Et tous vinrent m’embrasser. Ensuite il fut convenu qu’ils donneraient rendez-vous au drayhy dans la plaine de Halla, pour apposer leur cachet au traité.

Le lendemain, ayant de nouveau traversé l’Euphrate, je rejoignis notre tribu, que je rencontrai le cinquième jour. Mes amis étaient en peine de ma longue absence, et le récit de mon heureuse négociation les combla de joie. J’ai si souvent raconté les réunions, les repas et les réjouissances de toutes sortes, que je ne décrirai pas de nouveau ce qui eut lieu à la signature du traité de paix. L’émir Douackhry enterra sept pierres, et consomma ainsi l’alliance.

Après le dîner, il y eut une cérémonie que je n’avais pas encore vue, celle de prêter serment de fidélité sur le pain et le sel. Ensuite le drayhy déclara qu’il était prêt à remplir l’engagement que j’avais pris en son nom, en rendant le butin fait sur les six tribus qui venaient de s’unir à lui. Mais il ne suffisait pas d’avoir cette généreuse volonté, il fallait encore trouver le moyen de l’exécuter. Dans le pillage du camp des Wahabis et de leurs alliés, les dépouilles de cinquante tribus étaient confondues : y reconnaître la propriété de chacun n’était pas chose facile. Il fut décidé