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tamie, et allaient, les unes du côté de Hama, les autres au désert de Bassora.

Nous reçûmes en route une lettre de Fares-el-Harba, nous annonçant que six des grandes tribus qui avaient combattu contre nous avec les Wahabis étaient campées dans le Hébassie, près de Machadali ; qu’elles étaient assez disposées à faire alliance avec nous, et que si le drayhy voulait m’envoyer auprès de lui avec plein pouvoir de traiter, il se croyait sûr du succès. Je ne perdis pas un moment pour me rendre à son invitation, et, après six jours de marche, j’arrivai chez lui sans accident. Fares-el-Harba, ayant aussitôt fait lever le camp, me conduisit à une journée de ces tribus[1]. Alors j’écrivis en son nom à l’émir Douackhry, le chef de la tribu El-Fedhan, pour l’engager à faire alliance avec le drayhy, lui promettant l’oubli du passé. Douackhry vint en personne chez Fares-el-Harba, et nous fûmes bientôt d’accord ; mais il nous dit ne pouvoir répondre que de sa tribu, regardant comme très-difficile de réussir auprès des cinq autres. Il me proposa cependant de l’accompagner chez lui, m’offrant de réunir les chefs, et d’user de toute son influence auprès d’eux. Ayant accepté, je partis avec lui.

Arrivé au milieu de ce qui devait être un campement, je fus péniblement affecté de voir des hordes innombrables de Bédouins accroupis au gros soleil : ayant perdu leurs tentes et leurs bagages dans la bataille, ils n’avaient pas d’autres

  1. La tribu El-Fedhan, composé de 5,000 tentes ; celle de El-Sabha, 4,000 tentes ; celle de El-Fakaka, 1,500 ; celle de El-Messahid, 3,500 ; celle de El-Salca, 3,000 ; enfin celle de Benni-Dehabb, 5,000.