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vant de Milosch ; il est défait, et se retire à Kiupra, à la faveur d’une escorte donnée par le vainqueur. Adem-Pacha capitule aussi honteusement, se renferme dans Novibazar, et reçoit les présents de Milosch. Le pacha de Bosnie descend de ses montagnes avec une armée fraîche et nombreuse ; il envoie Ali-Pacha, un de ses lieutenants, combattre Milosch dans le Matschwai ; Ali-Pacha est fait prisonnier, et renvoyé comblé de présents au grand vizir. Les Serviens se montraient dignes déjà, par leur générosité, de cette civilisation au nom de laquelle ils combattaient, et Milosch traitait d’avance ses ennemis comme des amis futurs : il sentait que l’indépendance complète n’était pas encore venue pour sa patrie, et lui ménageait des traités, au lieu de la déshonorer par des massacres. Sur la frontière de la Morawa, Maraschli-Ali-Pacha s’avançait à son tour. La division régnait heureusement entre ce général et Curchid-Pacha, l’ancien grand vizir et pacha de Bosnie ; ils ne concertaient pas leurs plans, et chacun d’eux désirait secrètement les revers de l’autre pour se ménager à lui seul l’honneur de la victoire ; tous deux voulaient négocier, et briguaient l’honneur de terminer la guerre. Milosch, informé de ces intrigues, sut en profiter ; il osa se rendre de sa personne auprès du grand vizir, au milieu du camp des Turcs ; il eut une entrevue avec Curchid. On ne put s’entendre : Milosch voulait que la Servie conservât ses armes ; le pacha acceptait toutes les conditions, excepté celle-là, qui rendait toutes les autres incertaines. Milosch, irrité, se lève pour remonter à cheval ; Curchid ordonne qu’on l’arrête : les janissaires se jettent sur lui ; mais Ali-Pacha, ce lieutenant de Curchid que Milosch avait vaincu et renvoyé avec des présents au vizir, s’interpose courageusement entre