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mariage ; mais Scheik-Ibrahim remit à l’année prochaine à profiter de sa bonne volonté à mon égard.

La veille du jour fixé pour la noce, le bruit se répandit qu’une armée formidable de Wahabis avait paru dans le désert ; les courriers volaient de tribu en tribu, les engageant à se réunir trois ou quatre ensemble, afin que, sur tous les points, l’ennemi pût les trouver prêtes à le recevoir ; et peu s’en fallut que la noce ne commençât par un combat à mort, au lieu d’un combat simulé, ainsi qu’il est d’usage.

Le drayhy et les autres chefs sortirent de grand matin, avec mille cavaliers et cinq cents femmes, pour aller conquérir la belle Sabha. À une petite distance du camp, le cortége s’arrêta : les vieillards et les femmes mettent pied à terre, et attendent l’issue d’un combat entre les jeunes gens qui viennent enlever la fiancée, et ceux de la tribu qui s’opposent à leur dessein : ce combat a quelquefois des suites funestes, mais il n’est pas permis à l’époux d’y prendre part, sa vie pouvant se trouver exposée par suite des complots de ses rivaux. Cette fois, les combattants en furent quittes pour une vingtaine de blessures, et la victoire, comme de raison, resta aux nôtres, qui enlevèrent la fiancée, et la consignèrent aux femmes de notre tribu. Sabha était accompagnée d’une vingtaine de jeunes filles, et suivie de trois chameaux chargés. Le premier portait son haudag, couvert en drap écarlate, garni de franges et de houppes de laine de diverses couleurs, et orné de plumes d’autruche. Des festons de coquilles et des bandelettes de verre de couleur ornaient l’intérieur, et encadraient de pe-