Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étaient tendus de tous côtés et couvraient l’animal. Les bottes jaunes pendaient autour de ses flancs, et les objets de prix, arrangés en festons et établis avec art, formaient le coup d’œil le plus somptueux. Un enfant de la famille la plus distinguée, monté sur un chameau, disait à haute voix : — « Puissions-nous être toujours victorieux ! puisse le feu de nos ennemis s’éteindre à jamais ! » D’autres enfants l’accompagnaient en criant : « Amen. » Quant à moi, je courais de côté et d’autre pour mieux jouir de ce spectacle.

Bargiass, cette fois, vint à notre rencontre avec les cavaliers et les femmes de sa tribu ; ce fut alors que les cris et les chants devinrent vraiment assourdissants ; puis les chevaux, lancés de tous côtés, nous eurent bientôt enveloppés d’un tourbillon de poussière.

Lorsque les cadeaux furent étalés et rangés en ordre autour de la tente de Bargiass, on fit le café dans une grande chaudière, et chacun en prit en attendant le festin.

Dix chameaux, trente moutons et une immense quantité de riz formaient le fond du repas, après lequel on vida une seconde chaudière de café. La dot acceptée, on termina la cérémonie en récitant de nouveau la prière, et il fut convenu que Giarah viendrait chercher sa fiancée dans trois jours. Avant de partir, je fus dans l’appartement des femmes pour faire connaître plus particulièrement Scheik-Ibrahim à la femme de Bargiass, et la remercier de nouveau des soins qu’elle avait eus de moi. Elle me répondit qu’elle voulait encore accroître mes obligations en me donnant sa nièce en