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agrée celui qui se présente ; car si, après l’examen secret dont je viens de parler, elle fait connaître à sa mère que le futur ne lui plaît pas, les choses en restent là. Mais cette fois c’était un beau jeune homme, à l’air noble et fier, qui se présentait ; et Sabha fit le signe de consentement à sa mère, qui répondit alors au drayhy : « Vous êtes les bienvenus ! Non-seulement nous vous donnerons à manger de bon cœur, mais encore nous vous accorderons tout ce que vous désirerez. — Nous venons, reprit le drayhy, demander votre fille en mariage pour le fils de notre ami ; que voulez-vous pour sa dot ? — Cent nakas[1], répondit Bargiass, cinq chevaux de la race de Neggde, cinq cents brebis, trois nègres et trois négresses pour servir Sabha ; et pour le trousseau, un machlas brodé d’or, une robe de soie de Damas, dix bracelets d’ambre et de corail, et des bottes jaunes. » Le drayhy lui fit quelques observations sur cette demande exorbitante, disant : « Tu veux donc justifier le proverbe arabe : Si vous ne voulez pas marier votre fille, renchérissez son prix ! Sois plus raisonnable, si tu désires que ce mariage se fasse. »

Enfin, la dot fut réglée à cinquante nakas, deux chevaux, deux cents brebis, un nègre et une négresse. Le trousseau resta tel que Bargiass l’avait demandé ; on y ajouta même des machlas et des bottes jaunes pour la mère et plusieurs autres personnes de la famille. Après avoir écrit ces conventions, j’en fis la lecture à haute voix. Ensuite les assistants récitèrent la prière Faliha, le Pater des musulmans, qui donne, pour ainsi dire, la sanction au contrat ; et l’on

  1. Femelles de chameaux de la plus belle espèce.