Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

éclaircissements sur ses relations avec les Bédouins, prit à la fin un ton d’autorité qui donna à M. Lascaris prétexte de rompre. Il renvoya sa femme à Acre, et quitta lady Stanhope, complétement brouillé avec elle.

Mehanna se préparait à commencer la lutte ; mais, voyant que le drayhy n’était nullement intimidé à son approche, il jugea prudent de s’assurer d’un renfort d’Osmanlis, et envoya son fils Fares à Homs, réclamer la promesse du gouverneur ; mais celui-ci, au lieu de l’investir du commandement d’un corps de troupes, le fit charger de fers et jeter en prison. Mehanna, consterné de cette fâcheuse nouvelle, se vit en un moment tomber du commandement suprême dans la triste et humiliante nécessité, non-seulement de se soumettre au drayhy, mais encore de solliciter sa protection contre les Turcs. Ce pauvre vieillard, accablé de ce revers inattendu, se trouva forcé d’aller implorer la médiation d’Assaf, scheik de Saddad, qui lui promit de négocier la paix. Effectivement, il partit avec cent cavaliers pour l’accompagner, et, le laissant avec son escorte à quelque distance du camp, il s’avança seul jusqu’à la tente du drayhy, qui le reçut en ami, mais refusa d’abord la soumission de Mehanna. Nous nous interposâmes alors en sa faveur. Scheik-Ibrahim fit valoir l’hospitalité avec laquelle il nous avait reçus à notre arrivée dans le désert, et Saher, baisant deux fois la main de son père, joignit ses sollicitations aux nôtres.

Le drayhy ayant fini par céder, les principaux de la tribu se mirent en marche pour aller au-devant de Mehanna, selon les égards dus à son âge et à son rang. Lorsqu’il eut