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et de Hama, se réunissant ainsi, Turcs et Bédouins, contre nous.

Dans cette situation critique, je songeai à notre ami le pacha Soliman, et j’engageai Scheik-Ibrahim à aller à Damas conférer avec lui. Nous partîmes de suite, et descendîmes chez son premier ministre Hagim, qui nous apprit le nom de la prétendue princesse anglaise, et nous dit que c’était par l’influence et les cadeaux de lady Stanhope que Mehanna s’était fait un parti puissant parmi les Turcs. Ces détails nous confirmèrent dans l’idée que l’Angleterre, instruite de nos projets, soldait les Wahabis d’un côté, pendant que de l’autre elle cherchait à réunir les Bédouins de Syrie avec les Turcs, par l’entremise de lady Stanhope. La rencontre que nous fîmes chez M. Chabassan d’un Anglais prenant le nom de Scheik-Ibrahim, venait encore à l’appui de ces conjectures. Il chercha à nous questionner ; mais nous étions trop bien sur nos gardes. Ayant obtenu de Soliman-Pacha ce que nous désirions, nous nous hâtâmes de regagner notre tribu.

Le courage du drayhy ne faiblissait pas : il nous assura qu’il tiendrait tête à bien plus forte partie. Le bouyourdi que nous avait accordé Soliman-Pacha portait que les gouverneurs de Homs et de Hama eussent à respecter son fidèle ami et fils bien-aimé le drayhy Ebn-Challan, qui devait être obéi, étant chef suprême du désert de Damas ; et que toute alliance contre lui était opposée à la volonté de la Porte. Munis de cette pièce, nous nous avançâmes vers Hama, et, quelques jours après, Scheik-Ibrahim reçut une invitation de lady Esther Stanhope pour se rendre auprès d’elle ainsi