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trêve tacite de trois jours, pendant laquelle les armées restèrent en présence, sans aucune démonstration d’hostilité. Le troisième jour, le scheik Saker, accompagné d’un seul homme, vint dans notre camp. Il était inquiet sur le sort de son fils, vaillant jeune homme, adoré de son père et de tous les Bédouins de sa tribu ; il venait offrir une rançon. Hamed avait été très-bien traité par nous ; j’avais moi-même pansé ses blessures. Le drayhy reçut Saker avec une grande distinction. Celui-ci, après les politesses d’usage, parla de la guerre, exprima son étonnement de l’ardeur du drayhy pour cette coalition contre les Wahabis, et dit qu’il ne pouvait croire à un si grand désintéressement ; qu’il fallait avoir des motifs secrets ou des vues personnelles. « Vous ne pouvez trouver mauvais, ajouta-t-il, que je ne m’engage pas avec vous, sans savoir à quelle fin. Mettez-moi dans votre confidence, et je vous seconderai de tout mon pouvoir. »

Nous lui répondîmes que nous n’avions pas pour habitude d’admettre dans nos secrets ceux dont l’amitié ne nous était pas assurée ; que s’il voulait signer notre traité, nous n’aurions plus rien de caché pour lui. Il demanda alors à prendre connaissance de l’engagement ; et après avoir entendu la lecture des différents articles, dont il parut fort content, il nous assura qu’on lui avait présenté les choses tout autrement, et nous raconta les calomnies qu’Absi avait débitées contre nous. Il finit en apposant son cachet au bas du traité, et nous pressa ensuite de lui apprendre le but que nous voulions atteindre. Scheik-Ibrahim lui dit que notre intention était de frayer un passage, des côtes de la Syrie aux frontières des Indes, à une armée de cent mille