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promit de le tenter ; et en effet, au milieu de la nuit, il vint me trouver, muni de la clef de mes fers, qu’il avait eu l’adresse de se procurer pendant le souper des chefs. Il les ouvrit sans bruit, et, sans prendre le temps de me vêtir, je regagnai notre tribu en courant.

Tout dormait dans le camp, à l’exception des quatre nègres de garde à l’entrée de la tente du drayhy. Ils poussèrent un cri en me voyant, et furent à la hâte éveiller leur maître, qui vint avec Scheik-Ibrahim. Ils m’embrassèrent en pleurant, et récompensèrent largement mon libérateur. Le drayhy se montra vivement affligé du traitement que j’avais subi. Cette violation du droit des gens l’indignait. Il ordonna sur-le-champ les préparatifs du combat, et nous nous aperçûmes au lever du soleil que l’ennemi en avait fait autant. Le premier jour, il n’y eut de part et d’autre aucun avantage marqué. Auad, chef de la tribu Suallemé, perdit sa jument, dont il avait refusé vingt-cinq mille piastres. Tous les Bédouins prirent part à son affliction, et le drayhy lui donna un de ses meilleurs chevaux, bien inférieur toutefois à la cavale qui avait été tuée. Le lendemain, la bataille continua avec plus d’acharnement que la veille. Notre perte, ce jour-là, fut plus considérable que celle de l’ennemi. Il nous fallait agir avec une prudence extrême, n’ayant que quinze mille hommes à lui opposer. Quarante des nôtres étaient tombés en son pouvoir, tandis que nous n’avions fait que quinze prisonniers ; mais parmi eux se trouvait Hamed, fils du chef Saker. De part et d’autre, les captifs furent mis aux fers.

À la suite de ces deux jours de combat, il y eut une