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nyas et Milenko la subirent, et se réfugièrent en Russie. Nenadowitsch se rallia au parti de George, par suite du mariage de sa fille avec un des partisans les plus puissants du dictateur, Mladen.

Le sultan proposa à Kara-George de le reconnaître comme hospodar de Servie, sous la garantie de la Russie. Les Turcs devaient conserver les forteresses et les armes des Serviens. Des négociations compliquées traînèrent sans résultat jusqu’en 1813, où Kara-George, n’ayant pu s’entendre avec la Porte, rappela aux armes ses compatriotes. « Vous avez, leur dit-il, vaincu vos ennemis pendant neuf ans avec moi ; vous avez combattu sans armes et sans places de guerre ; vous avez maintenant des villes, des remparts, des fleuves entre les Turcs et vous ; cent cinquante pièces de canon, sept forteresses, quarante portes fortifiées, et vos forêts, inexpugnable asile de votre liberté ; les Russes vont marcher à votre aide : pouvez-vous hésiter ? »

Cependant les Turcs, commandés par le capitan-pacha de Widin, se mettaient en mouvement. Le grand vizir, profitant de la victoire des Français à Lutzen, pressait les pachas de terminer d’un coup cette longue lutte, si humiliante pour la Porte. Dix-huit mille Turcs s’avançaient contre Weliko, qu’ils assiégeaient dans Negotin. Weliko, atteint d’un boulet de canon, restait sur la place. Son armée débandée se sauvait par les marais jusqu’à l’île de Poretsch. Au sud, Curchid-Pacha, à la tête d’une nombreuse armée, chassait devant lui Mladen et Sima, deux généraux serviens, et venait camper jusque sous les murs de Schabaz. Jamais la Servie n’avait été réduite à de pareilles extrémités.