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parente du pacha, et fut accablée par lui de politesses et de cadeaux, ainsi que son mari.

M. Lascaris écrivit donc à Soliman-Pacha, lui expliqua que les prétendus espions n’étaient autres que lui et son drogman Fatalla Sayeghir ; que tout ce qu’on lui avait dit contre le drayhy était faux : qu’il était au contraire dans les intérêts de la Porte de l’avoir pour ami, et de favoriser sa prépondérance sur les autres Bédouins. Le chokredar, qui tremblait pour sa vie, s’empressa de porter cette lettre à Damas, et revint le surlendemain avec une réponse des plus aimables pour Scheik-Ibrahim, et une seconde lettre pour le drayhy, dont voici le contenu. Après beaucoup de compliments à l’émir, il ajoute : « Nous avons reçu une lettre de notre cher ami le grand Scheik-Ibrahim, qui détruit les calomnies de vos ennemis, et rend les meilleurs témoignages de vous. Votre sagacité nous est connue. Dorénavant nous vous autorisons à commander dans le désert selon votre bon plaisir. Vous ne recevrez de notre part que des procédés d’ami ; nous vous considérons au-dessus de vos égaux ; nous vous recommandons nos bien-aimés Scheik-Ibrahim et Abdallah. Leur contentement augmentera notre amitié pour vous, etc. » Le drayhy et les autres chefs furent très-étonnés du grand crédit de Scheik-Ibrahim sur le pacha. Cet incident porta leur considération pour nous à son comble.

J’ai dit que le drayhy était surnommé l’Exterminateur des Turcs. Je m’informai de l’origine de cette épithète. Voici ce que me raconta le scheik Abdallah : Un jour le drayhy, ayant dépouillé une caravane qui se rendait de Damas à