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chameaux montés chacun de deux hommes armés de fusils à mèche[1], et partit le quatrième jour, laissant ordre au reste des tribus de suivre le lendemain, afin d’exciter davantage le courage des guerriers dans le combat, par le voisinage de leurs femmes et de leurs enfants. Je restai avec ces derniers, et nous allâmes camper à El-Jamié, à une heure de la tribu El-Hassnné, et à deux journées de Hama. Le cinquième jour, le drayhy nous annonça une victoire éclatante, et peu après arrivèrent les chameaux, moutons, chevaux et armes pris sur l’ennemi. Les hommes qui avaient été forcés de rester aux tentes, à la garde du bagage, allèrent au-devant des vainqueurs demander la part du butin à laquelle ils ont droit, et bientôt nous vîmes arriver l’armée triomphante.

Le drayhy avait surpris Mehanna un peu à l’improviste, pendant l’absence de Nasser ; mais la tribu de Hassnné ayant poussé son cri de guerre, les combattants se trouvèrent à peu près égaux en nombre ; la bataille dura jusqu’au soir. Nos guerriers, après avoir perdu vingt-deux des leurs et en avoir tué le double à l’ennemi, s’étaient emparés de ses troupeaux. Zaher avait pris la jument de Farès, fils de Mehanna, ce qui chez les Bédouins est un glorieux exploit.

Après sa défaite, Mehanna passa l’Oronte au nord de Hama, et fut camper près de Homs, pour attendre les Osmanlis et venir avec eux prendre sa revanche. Effective-

  1. Les fusils à platine ne sont pas adoptés par les Bédouins, parce que leurs ancêtres ne s’en servaient pas, et aussi parce qu’ils seraient plus dangereux dans les mains des enfants et des femmes. Ces dernières tressent les mèches, qui sont en coton.