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en paye douze mille cinq cents, et les villes de Homs et de Hama lui fournissent en outre une certaine quantité de blé, de riz, de raisiné, et d’étoffes ; les petites tribus lui apportent du beurre et du fromage. Malgré cela, il n’a jamais d’argent et se trouve souvent endetté, n’ayant aucune dépense à faire ; ce qui nous étonna beaucoup. Nous apprîmes qu’il donnait tout en cadeau aux guerriers les plus renommés, soit dans sa tribu, soit parmi les autres, et qu’il s’était fait ainsi un parti puissant. Il est toujours fort mal vêtu, et lorsqu’il reçoit en présent une belle pelisse ou quelque autre objet, il le donne à celui qui est auprès de lui dans le moment. Le proverbe bédouin, qui dit que la générosité couvre tous les défauts, se trouve vérifié dans Mehanna, dont la libéralité fait seule tolérer la conduite de Nasser.

Peu après cet événement, nous allâmes camper à trois heures de l’Oronte, sur un terrain appelé El-Zididi, où se trouvent plusieurs petites sources.

Mehanna ayant été un jour avec dix cavaliers faire une visite à l’aga de Homs, revint chargé de cadeaux de tous les négociants, qui le ménagent, parce que chaque fois qu’il n’est pas content d’eux il intercepte le commerce en dépouillant les caravanes. Aussitôt après son retour, Nasser partit pour une expédition contre la tribu Abdelli, commandée par l’émir El-Doghiani, et campée près de Palmyre, sur deux monticules de forme égale, appelés Eldain (le sein). Il revint trois jours après, ramenant cent cinquante chameaux et deux cents moutons. Dans cette affaire, nous avions perdu trois hommes, et la jument de Zamel avait été tuée sous lui ; en revanche, nous avions pris trois juments,