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tiré de l’or de cette grotte : les expériences chimiques prouvent que là où se trouve du soufre, il y a souvent de l’or ; et d’ailleurs les grands travaux que nous avions remarqués ne pouvaient avoir été faits uniquement pour extraire du soufre et de l’alun, mais évidemment quelque chose de plus précieux. Si les Arabes avaient pu soupçonner que nous allions chercher de l’or, notre vie n’aurait pas été en sûreté.

De jour en jour on parlait de l’approche des Bédouins, et Scheik-Ibrahim s’en réjouissait, comme s’il eût attendu des compatriotes. Il fut enchanté quand je lui annonçai l’arrivée de Mehanna-el-Fadel, grand prince bédouin. Il voulait aussitôt aller au-devant de lui ; mais je lui représentai qu’il serait plus prudent d’attendre une occasion favorable de voir quelqu’un de la famille de cet émir (prince). Je savais qu’ordinairement Mehanna envoyait un messager au scheik de Palmyre pour lui annoncer son approche. En effet, je vis un jour arriver onze cavaliers bédouins, et j’appris que parmi eux se trouvait l’émir Nasser, fils aîné de Mehanna ; je courus porter cette nouvelle à Scheik-Ibrahim, qui en parut au comble de la joie. À l’instant même, nous nous rendîmes chez Scheik-Ragial pour nous faire présenter à l’émír Nasser, qui nous fit bon accueil. « Ces étrangers, lui dit Ragial, sont d’honnêtes négociants qui ont des marchandises à vendre à l’usage des Bédouins ; mais on les a tellement effrayés, qu’ils n’osent se hasarder dans le désert, à moins que vous ne les preniez sous votre protection. »

L’émir Nasser se tournant vers nous : « Espérez, nous dit-il, toutes sortes de prospérités ; vous serez les bienve-