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dont ils envoient les produits à Damas et à Homs ; ils font aussi beaucoup de soude. La plante qui la fournit est très-abondante ; on la brûle, et les cendres sont également expédiées dans ces deux villes pour y faire du savon ; on les envoie même quelquefois à Tripoli de Syrie, qui a de nombreuses fabriques de savon et qui expédie pour l’Archipel.

On nous parla un jour d’une grotte très-curieuse, mais dont l’entrée obscure et étroite était presque impraticable ; elle se trouvait à trois heures de Palmyre. Nous eûmes le désir de la visiter ; mais mon aventure avec Hessaisoun était trop récente pour nous risquer sans une bonne escorte ; aussi priâmes-nous Scheik-Ragial de nous faire accompagner par des gens sûrs. Étonné de notre projet : « Vous êtes bien curieux ! nous dit-il. Que vous importe cette grotte ? Au lieu de vous occuper de votre commerce, vous passez votre temps à de pareilles futilités : jamais je n’ai vu de négociants comme vous. — L’homme gagne toujours à voir ce que la nature a créé de beau, » lui répondis-je. Le scheik nous ayant donné six hommes bien armés, je me munis d’un peloton de ficelle, d’un grand clou et de torches, et nous partîmes de bon matin.

Après deux heures de marche, nous arrivâmes au pied d’une montagne. Un grand trou qu’on nous montra formait l’entrée de la grotte. Je plantai mon clou dans un endroit caché ; j’y attachai la ficelle par un bout, et, tenant le peloton à la main, je suivis Scheik-Ibrahim et les guides, qui portaient les torches. Nous allions tantôt à droite, tantôt à gauche ; nous montions, nous descendions ; enfin la grotte est tellement grande, qu’on y logerait une armée