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pieds. Nous recommençâmes cette expérience avec une chemise, qui, au bout de dix minutes, remonta comme le mouchoir. Nos guides nous assurèrent qu’un machlas, qui pèse dix livres, serait rejeté de même.

Nous étant déshabillés et placés autour de l’ouverture, nous fûmes en peu de temps couverts d’une sueur abondante qui ruisselait de nos corps ; mais l’odeur de cette vapeur était tellement insupportable, que nous ne pûmes y rester longtemps exposés. Au bout d’une demi-heure, nous remîmes nos habits, éprouvant un bien-être inexprimable. On nous dit que cette vapeur était effectivement très-salutaire, et guérissait un grand nombre de malades. De retour au village, nous soupâmes avec grand appétit, et jamais peut-être je n’ai joui d’un sommeil plus délicieux.

N’ayant plus rien à voir à Saddad ni dans ses environs, nous résolûmes de partir pour le village de Coriétain. Lorsque nous en parlâmes à Naufal, il nous conseilla de changer de noms, les nôtres pouvant nous rendre suspects aux Bédouins et aux Turcs. Dès lors M. Lascaris prit le nom de Scheik-Ibrahim-el-Cabressi (le Cypriote), et me donna celui de Abdalla-el-Kratib, qui signifie l’Écrivain.

Scheik-Hassaf nous ayant donné une lettre de recommandation pour un curé syriaque nommé Moussi, nous prîmes congé de lui et de nos amis de Saddad, et partîmes de bonne heure. Après quatre heures de marche, nous arrivâmes entre les deux villages Mahin et Haourin, situés à dix minutes l’un de l’autre ; ils n’ont chacun qu’une vingtaine de maisons, la plupart ruinées par les Bédouins, qui vien-