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font rouler des grains de sable ; ces coups de la brise sur nos fronts, sur la crinière de nos chevaux ; ces immenses échos souterrains qui multipliaient les mugissements sourds de la tempête : tout cela frappait nos âmes d’impressions si diverses, si solennelles, si fortes, que nous ne pouvions plus parler, et que des larmes d’émotion brillaient dans les yeux de Julia.

Nous rentrâmes en silence dans le désert de Sable-Rouge ; nous le traversâmes dans sa partie la plus étroite, en nous rapprochant des collines de Bayruth, et nous nous retrouvâmes, au soleil couché, sous la grande forêt de pins de l’émir Fakar-el-Din. Là, Julia, retrouvant la voix, se tourna vers moi, et me dit avec ivresse : « N’est-ce pas que j’ai fait la plus belle promenade qu’il soit possible de faire au monde ? Oh ! que Dieu est grand ! et qu’il est bon pour moi, ajouta-t-elle, de m’avoir choisie pour me faire contempler si jeune de si belles choses ! »

Il était nuit quand nous descendîmes de cheval à la porte de la maison ; nous projetâmes d’autres courses pour les jours qui nous restaient avant le voyage à Damas.