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mouvement élastique de ses épaules, ni la réaction de son sabot sur le rocher, ni le plus léger poids de sa tête sur le mors. L’encolure courte et élancée, relevant ses pieds comme une gazelle, on croyait monter un oiseau dont les ailes auraient soutenu la marche insensible. Il courait aussi mieux qu’aucun cheval arabe avec qui je l’aie essayé. Son poil était gris perlé. Je le donnai à ma femme, qui ne voulut plus en monter d’autre pendant tout notre séjour en Orient. Je regretterai toujours ce cheval accompli. Il était né dans le Khorassan et n’avait que cinq ans.

Le soir, nous arrivâmes aux Puits de Salomon ; le lendemain, de bonne heure, nous entrions à Saïde, l’antique Sidon, escortés par les Francs du pays et par les fils de M. Giraudin, notre excellent vice-consul à Saïde. Nous trouvâmes aussi à Saïde M. Cattafago, que nous avions connu à Nazareth, et sa famille. Il venait de bâtir une maison dans cette ville, et s’occupait des préparatifs du mariage d’une de ses filles. L’antique Sidon n’offrant plus aucun vestige de sa grandeur passée, nous nous livrâmes tout entiers aux soins aimables de M. Giraudin, et au plaisir de causer de l’Europe et de l’Orient avec cet intéressant vieillard. Devenu patriarche dans la terre des patriarches, il nous présentait en lui et dans sa famille l’image de toutes les vertus patriarcales, dont il nous rappelait les mœurs dans ses mœurs.

Le typhus se caractérise avec tous ses symptômes dans la maladie croissante de M. de Laroyère. Ne pouvant plus se lever pour monter à cheval, nous affrétons une barque à Saïde pour le transporter par mer à Bayruth ; nous repar-