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dans la campagne en fuyant en Égypte. Ces pensées adoucirent notre couche.

Partis de Ramla à six heures du matin ; venus déjeuner à Jaffa chez M. Damiani ; — un jour passé à nous reposer, et à préparer les provisions pour revenir en Syrie par la côte.

Rien de plus délicieux que ces voyages en caravane quand le pays est beau ; que les chevaux bien reposés marchent légèrement au lever du jour, sur un sol uni et sablonneux ; que les sites se succèdent sans monotonie ; que la mer surtout, qui nous envoie au visage la fraîche ondulation de l’air produite par ses vagues souples et régulières, se déroule verte ou bleue aux pieds de votre cheval, et vous jette par moments les gouttes poudreuses de son écume : c’est le plaisir que nous éprouvions en longeant le charmant golfe qui sépare Caïpha de Saint-Jean d’Acre.

Le désert, formé par la plaine de Zabulon, est caché à droite par les hautes touffes de roseaux et par la cime des palmiers qui séparent la grève de la terre : on marche sur un lit de sable blanc et fin, continuellement arrosé par la vague qui s’y déplie, et y répand ses nappes blanches et cannelées ; le golfe, enfermé à l’orient par la haute pointe du cap Carmel surmontée de son monastère, à l’occident par les blanches murailles en lambeaux de Saint-Jean d’Acre, ressemble à un vaste lac, où les plus petites barques peuvent se faire bercer impunément par les flots : il n’en est rien cependant. La côte de Syrie, partout dange-