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3 novembre 1832.


La peste, qui ravage de plus en plus Jérusalem et les environs, ne nous permet pas d’entrer dans Bethléem, dont le couvent et le sanctuaire sont fermés. Nous montons cependant à cheval dans la soirée, et, après avoir traversé un plateau d’environ deux lieues qui règne à l’orient de Jérusalem, nous arrivons sur une hauteur à peu de distance de Bethléem, et d’où l’on découvre parfaitement toute cette petite ville. À peine y étions-nous assis, qu’une nombreuse cavalcade d’Arabes bethléémites arrive, et demande à m’être présentée. Après les compliments d’usage, ils me disent qu’ils sont députés auprès de moi par la population de Bethléem, pour me prier de faire diminuer l’impôt dont Ibrahim-Pacha a frappé leur ville ; qu’ils savent, par la renommée et par les Arabes d’Abougosh, leur chef, qu’Ibrahim-Pacha est mon ami et ne me refusera certainement pas, si je sollicite son indulgence pour eux.

Comme les Arabes bethléémites sont la plus détestable race de ces contrées, toujours en guerre avec leurs voisins, toujours rançonnant le couvent latin de Bethléem, je leur réponds avec gravité, en leur faisant de sévères reproches sur leurs rapines, que j’aurai égard à leur requête et que je la présenterai au pacha, mais à condition qu’ils respecteront les Européens, les pèlerins, et surtout les couvents de Bethléem et du désert de Saint-Jean ; et que, s’ils se permettent