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Même date.


Déjeuné, assis sur les marches de la fontaine de Siloé. Écrit quelques vers, déchiré et jeté les lambeaux dans la source. La parole est une arme ébréchée. Les plus beaux vers sont ceux qu’on ne peut pas écrire. Les mots de toute langue sont incomplets, et chaque jour le cœur de l’homme trouve, dans les nuances de ses sentiments, et l’imagination dans les impressions de la nature visible, des choses que la bouche ne peut exprimer, faute de mots. Le cœur et la pensée de l’homme sont un musicien forcé de jouer une musique infinie sur un clavier qui n’a que quelques notes. Il vaut mieux se taire. Le silence est une belle poésie dans certains moments. L’esprit l’entend et Dieu la comprend : c’est assez.




Même date.


En remontant la vallée de Josaphat, je passe auprès du sépulcre d’Absalon. C’est un bloc de rocher taillé dans le bloc même de la montagne de Silhoa, et qui n’est pas dé-