Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nom de sa nation ; j’emportais un poids de reconnaissance et une amitié véritable du souvenir de ses deux réceptions : il était heureux, entouré d’une femme selon son cœur, et d’enfants qui faisaient toute sa joie. J’apprends que la mort l’a frappé peu de jours après notre passage ; son emploi était la seule fortune de sa famille ; cette fortune, il la consacrait tout entière à ses devoirs de consul ; sa pauvre femme et ses beaux enfants sont maintenant à la merci de la France, qu’il servait et honorait de tous ses appointements : puisse la France penser à eux en se souvenant de lui !




30 avril 1833.


Mis à la voile ; vents variables ; trois jours employés à doubler la pointe occidentale de l’île en courant des bordées sur la terre ; vu le mont Olympe et Paphos, et Amathonte ; ravissant aspect des côtes et des montagnes de Chypre de ce côté. Cette île serait la plus belle colonie de l’Asie Mineure ; elle n’a plus que trente mille âmes ; elle nourrirait et enrichirait des millions d’hommes ; partout cultivable, partout féconde, boisée, arrosée, avec des rades et des ports naturels sur tous ses flancs ; placée entre la Syrie, la Caramanie, l’Archipel, l’Égypte et les côtes de l’Europe, ce serait le jardin du monde.