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une cour d’à peu près vingt pieds de profondeur, fermée de trois côtés par les parois du rocher taillées au ciseau, offrant l’aspect de murailles ornées de sculptures ciselées dans la pierre même, représentant des portes, des pilastres, des frises d’un très-beau travail ; on peut présumer que l’exhaussement graduel du terrain a comblé de plusieurs pieds cette excavation, car l’ouverture qui existe à gauche pour entrer dans le sanctuaire est si basse, qu’on ne peut y pénétrer qu’en rampant. Nous parvînmes avec une extrême difficulté à nous y introduire, et à y allumer des torches. Des nuées de chauves-souris, réveillées par notre invasion, nous assaillirent, et combattirent, pour ainsi dire, afin de maintenir leur territoire ; et si notre retraite avait été facile, nous aurions, je crois, reculé devant elles. Peu à peu le calme se rétablit, et nous pûmes examiner ces chambres sépulcrales. Elles sont excavées, et taillées dans le roc vif. Les angles sont aussi nets et les parois aussi lisses que si l’ouvrier les avait polis dans la carrière. Nous en visitâmes cinq, communiquant entre elles par des ouvertures auxquelles s’appliquaient, sans nul doute, quelques blocs de pierre taillés en forme de porte, qui gisaient à terre, et faisaient présumer que chaque chambre avait été fermée et scellée lorsque les niches pratiquées dans les parois pour recevoir les sarcophages ou les urnes cinéraires étaient remplies. Quels étaient ou devaient être les habitants de ces demeures préparées à si grands frais ? c’est encore une question douteuse. Leur origine a été vivement contestée : l’intérieur, qui est simple et grandiose, peut remonter à la plus haute antiquité, rien n’y détermine une date. La sculpture extérieure semble d’un travail bien achevé et d’un goût bien pur pour être des temps reculés des rois de Judée. Mais, depuis que j’ai vu Balbek,