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que la neige se prépare à tomber ou à fondre. Ce sont des êtres divins sous la forme d’arbres. Ils croissent dans ce seul site des groupes du Liban ; ils prennent racine bien au-dessus de la région où toute grande végétation expire.

Tout cela frappe d’étonnement l’imagination des peuples d’Orient, et je ne sais si la science ne serait pas étonnée elle-même. — Hélas ! cependant Basan languit, le Carmel et la fleur du Liban se fanent. Ces arbres diminuent chaque siècle. Les voyageurs en comptèrent jadis trente ou quarante, plus tard dix-sept ; plus tard encore, une douzaine. — Il n’y en a plus que sept, que leur masse peut faire présumer contemporains des temps bibliques. Autour de ces vieux témoins des âges écoulés, qui savent l’histoire de la terre mieux que l’histoire elle-même, qui nous raconteraient, s’ils pouvaient parler, tant d’empires, de religions, de races humaines évanouies, il reste encore une petite forêt de cèdres plus jeunes, qui me parurent former un groupe de quatre ou cinq cents arbres ou arbustes. Chaque année, au mois de juin, les populations de Beschieraï, d’Éden, de Kanobin et de tous les villages des vallées voisines, montent aux cèdres, et font célébrer une messe à leur pied. Que de prières n’ont pas résonné sous ces rameaux ! et quel plus beau temple, quel autel plus voisin du ciel, quel dais plus majestueux et plus saint que le dernier plateau du Liban, le tronc des cèdres, et le dôme de ces rameaux sacrés qui ont ombragé et ombragent encore tant de générations humaines, prononçant le nom de Dieu différemment, mais le reconnaissant partout dans ses œuvres, et l’adorant dans des manifestations naturelles ! Et moi aussi je priai en présence de ces arbres. Le vent harmonieux qui résonnait