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bazars a été enfoncée par le poids des neiges, et les routes interceptées pendant deux mois. Les chaleurs de l’été sont, dit-on, insupportables. Jusqu’ici nous ne nous en apercevons pas. Nous allumons, presque tous les soirs, des brasiers, appelés mangales dans le pays.

J’achète un second étalon arabe d’un Bédouin que je rencontre à la porte de la ville. Je fais suivre le cavalier, pour entrer en marché avec lui d’une manière convenable et naturelle. L’animal, de plus petite taille que celui que j’ai acheté de l’aga, est plus fort et d’un poil plus rare, fleur de pêcher. Il est d’une race dont le nom signifie roi du jarret. On me le cède pour quatre mille piastres. Je le monte pour l’essayer. Il est moins doux que les autres chevaux arabes. Il a un caractère sauvage et indompté, mais paraît infatigable. Je ferai conduire Tedmor (c’est le nom arabe de Palmyre, que j’ai donné au cheval de l’aga) par un de mes Saïs à pied. Je monterai Scham pendant la route. Scham est le nom arabe de Damas.

Un chef de tribu de la route de Palmyre, mandé par M. Baudin, est arrivé ici ; il se charge de me conduire à Palmyre et de me ramener sain et sauf, mais à condition que je serai seul et vêtu en Bédouin du désert ; il laissera son fils en otage à Damas jusqu’à mon retour. Nous délibérons ; je désirais vivement voir les ruines de Tedmor : cependant, comme elles sont moins étonnantes que celles de Balbek, qu’il faut au moins dix jours pour aller et revenir, et que ma femme ne peut m’accompagner ; comme le moment de rejoindre les bords de la mer, où notre vaisseau doit nous attendre, est arrivé, je renonce à regret à cette