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Même date.


La caravane de Bagdhad est arrivée aujourd’hui ; elle était composée de trois mille chameaux : elle campe aux portes de la ville. — Acheté des ballots de café de Moka, que l’on ne peut plus se procurer ailleurs, et des châles des Indes.

La caravane de la Mecque a été suspendue par suite de la guerre. Le pacha de Damas est chargé de la conduire. Les Wahabites l’ont dispersée plusieurs fois. Méhémet-Ali les a refoulés vers Médine. La dernière caravane, atteinte du choléra à la Mecque, épuisée de fatigue et manquant d’eau, a péri presque tout entière. Quarante mille pèlerins sont restés dans le désert. La poussière du désert qui mène à la Mecque est de la poussière d’hommes. On espère que cette année la caravane pourra partir sous les auspices de Méhémet-Ali ; mais, avant peu d’années, les progrès des Wahabites interdiront à jamais le pieux pèlerinage. Les Wahabites sont la première grande réforme armée du mahométisme. Un sage des environs de la Mecque, nommé Aboul-Wahiab, a entrepris de ramener l’islamisme à sa pureté de dogme primitive, d’extirper, d’abord par la parole, puis par la force des Arabes convertis à sa foi, les superstitions populaires dont la crédulité ou l’imposture altèrent toutes les religions, et de refaire de la religion de l’Orient un déisme pratique et rationnel. Il y avait pour cela peu à faire ; car Mahomet ne s’est pas donné pour un dieu, mais pour un homme plein