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plupart de ces coffres sont en cèdre et peints en rouge, avec des ornements dessinés en clous d’or. Quelques-uns sont admirablement sculptés en relief, et couverts d’arabesques très-élégantes. J’en ai acheté trois, et je les ai expédiés par la caravane de Tarabourlous. L’odeur du bois de cèdre embaume partout le bazar ; et cette atmosphère, composée des mille parfums divers qui s’exhalent des boutiques de menuisiers, des magasins d’épiceries et de droguistes, des caisses d’ambre ou de gommes parfumées, des cafés, des pipes sans cesse fumantes dans le bazar, me rappelle l’impression que j’éprouvai la première fois que je traversai Florence, où les charpentes de bois de cyprès remplissent les rues d’une odeur à peu près pareille.

Shérif-Bey, gouverneur de Syrie pour Méhémet-Ali, a quitté aujourd’hui Damas. La nouvelle de la victoire de Konia, remportée par Ibrahim sur le grand vizir, est arrivée cette nuit. Shérif-Bey profite de l’impression de terreur qui a frappé Damas pour aller à Alep. Il laisse le gouvernement de la ville à un général égyptien, assisté d’un conseil municipal formé des premiers négociants de toutes les différentes nations. Un camp de six mille Égyptiens et de trois mille Arabes reste aux portes de la ville. Le coup d’œil qu’offre ce camp est extrêmement pittoresque ; des tentes de toutes formes et de toutes couleurs sont dressées à l’ombre de grands arbres fruitiers, au bord du fleuve. Les chevaux, en général admirables, sont attachés en longues files à des cordes tendues d’un bout du camp à l’autre. Les Arabes non disciplinés sont là dans toute la bizarre diversité de leurs races, de leurs armures, de leurs costumes : les uns semblables à des assemblées de rois ou de patriarches, les