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longées partout, et je les ai trouvées aussi aimables que belles ; les usages de l’Europe, les costumes et les habitudes des femmes d’Occident ont été en général le sujet des entretiens ; elles ne semblent rien envier à la vie de nos femmes ; et quand on cause avec ces charmantes créatures, quand on trouve dans leurs conversations et dans leurs manières cette grâce, ce naturel parfait, cette bienveillance, cette sérénité, cette paix de l’esprit et du cœur qui se conservent si bien dans la vie de famille, on ne sait ce qu’elles auraient à envier à nos femmes du monde, qui savent tout, excepté ce qui rend heureux dans l’intérieur d’une famille, et qui dilapident en peu d’années, dans le mouvement tumultueux de nos sociétés, leur âme, leur beauté et leur vie. Ces femmes se voient quelquefois entre elles ; elles ne sont pas même entièrement séparées de la société des hommes ; mais cette société se borne à quelques jeunes parents ou amis de la maison, parmi lesquels, en consultant leur inclination et les rapports de famille, on leur choisit de très-bonne heure un fiancé. Ce fiancé vient alors de temps en temps se mêler, comme un fils, aux plaisirs de la maison.

J’ai rencontré là un chef des Arméniens de Damas, homme très-distingué et très-instruit ; Ibrahim l’a mis à la tête de sa nation dans le conseil municipal qui gouverne la ville en ce moment. Cet homme, bien qu’il ne soit jamais sorti de Damas, a les notions les plus justes et les mieux raisonnées sur l’état politique de l’Europe, sur la France en particulier, sur le mouvement général de l’esprit humain à notre époque, sur la transformation des gouvernements modernes, et sur l’avenir probable de la civilisation. Je n’ai pas rencontré en Europe un homme dont les vues à cet