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nous répond que non, parce que, Zebdani n’étant sur aucune route, il n’y passe jamais de caravane.

Nous arrivons, après avoir longtemps circulé dans les rues du village, à une grande place au bord du fleuve. Là, une maison plus grande que les autres, précédée d’une terrasse et entourée d’arbres, nous annonce la demeure du scheik. Je me présente avec mon drogman, et je demande une maison pour passer la nuit. Les esclaves vont avertir le scheik ; il accourt lui-même : c’est un vieillard vénérable, à barbe blanche, à physionomie ouverte et gracieuse. Il m’offre sa maison tout entière, avec un empressement et une grâce d’hospitalité que je n’avais pas encore rencontrés ailleurs. À l’instant ses nombreux esclaves et les principaux habitants du village s’emparent de nos chevaux, les conduisent dans un vaste hangar, les déchargent, apportent des monceaux d’orge et de paille. Le scheik fait retirer ses femmes de leur appartement, et nous introduit d’abord dans son divan, où l’on nous sert le café et les sorbets, puis nous abandonne toutes les chambres de sa maison. Il me demande si je veux que ses esclaves nous préparent un repas. Je le prie de permettre que mon cuisinier leur épargne cette peine, et de me procurer seulement un veau et quelques moutons, pour renouveler nos provisions épuisées depuis Balbek. En peu de minutes le veau et les moutons sont amenés et tués par le boucher du village ; et tandis que nos gens nous préparent à souper, le scheik nous présente les principaux habitants du pays, ses parents et ses amis. Il me demande même la permission de faire introduire ses femmes auprès de madame de Lamartine. « Elles désiraient passionnément, dit-il, de voir une femme d’Europe, et de contem-