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presque tous portent les traces de sculpture d’une époque indienne ou égyptienne. On voit, au premier coup d’œil, que ces pierres écroulées ou démolies ont servi primitivement à un tout autre usage qu’à former un mur de terrasse et d’enceinte, et qu’elles étaient les matériaux précieux des monuments primitifs, dont on s’est servi plus tard pour enceindre les monuments des temps grecs et romains. C’était un usage habituel, je crois même religieux, chez les anciens, lorsqu’un édifice sacré était renversé par la guerre ou par le temps, ou que les arts plus avancés voulaient le renouveler en le perfectionnant, de se servir des matériaux pour les constructions accessoires des monuments restaurés, afin de ne pas laisser profaner sans doute, à des usages vulgaires, les pierres qu’avait touchées l’ombre des dieux ; et aussi peut-être par respect pour les ancêtres, et afin que le travail humain des différentes époques ne fût pas enseveli sous la terre, mais portât encore le témoignage de la piété des hommes et des progrès successifs de l’art : il en est ainsi au Parthénon, où les murs de l’Acropolis, réédifiés par Périclès, contiennent les matériaux travaillés du temple de Minerve.

Beaucoup de voyageurs modernes ont été induits en erreur, faute de connaître ce pieux usage des anciens, et ont pris, pour des constructions barbares des Turcs ou des croisés, des édifices ainsi construits dès la plus haute antiquité.

Quelques-unes des pierres de la muraille avaient jusqu’à vingt et trente pieds de longueur, sur sept et huit pieds de hauteur.