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18 novembre.


J’arrive d’une excursion au monastère d’Antoura, un des plus beaux et des plus célèbres du Liban. En quittant Bayruth, on marche pendant une heure le long du rivage de la mer, sous une voûte d’arbres de tous les feuillages et de toutes les formes. La plupart sont des arbres fruitiers, figuiers, grenadiers, orangers, aloès, figuiers sycomores, arbre gigantesque dont les fruits innombrables, pareils à de petites figues, ne poussent pas à l’extrémité des rameaux, mais sont attachés au tronc et aux branches comme des mousses. Après avoir traversé le fleuve sur le pont romain dont j’ai décrit l’aspect plus haut, on suit une plage sablonneuse jusqu’au cap Batroûne, formé par un bras du Liban projeté dans la mer. Ce bras n’est qu’un rocher dans lequel on a taillé, dans l’antiquité, une route en corniche, d’où la vue est magnifique. Les flancs du rocher sont couverts, en plusieurs endroits, d’inscriptions grecques, latines et syriaques, et de figures sculptées dans le roc même, dont les symboles et les significations sont perdus. Il est vraisemblable qu’ils se rapportent au culte d’Adonis, pratiqué jadis dans ces contrées ; il avait, selon les traditions, des temples et des cérémonies funèbres près du lieu où il périt. On croit que c’est au bord du fleuve que nous venions de traverser. En redescendant de cette haute et pittoresque corniche, le pays change tout à coup de caractère. Le regard s’engouffre dans une gorge étroite, profonde, toute remplie par un autre