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sion si favorable d’affaiblir ses ennemis en les divisant, accueillit les Ansariés, ainsi que leur scheik Mahmoud, dans les murs de Maszyad, et poussa l’hospitalité jusqu’à déloger une partie des habitants pour faire place aux fugitifs. Pendant plusieurs mois, tout fut tranquille ; mais un jour, où le plus grand nombre des Ismaéliens de Maszyad étaient sortis de leur ville pour aller travailler dans les champs, à un signal donné, les Ansariés se jettent sur l’émir et sur son fils, les poignardent, s’emparent du château, massacrent tous les Ismaéliens qui se trouvent dans la ville, et y mettent le feu. Le lendemain, un grand nombre d’Ansariés vient rejoindre à Maszyad les exécuteurs de cet abominable complot, dont un peuple tout entier avait gardé le secret pendant quatre ou cinq mois. Environ trois cents Ismaéliens avaient péri. Le reste s’était réfugié à Hama, à Homs ou à Tripoli.

Les pratiques pieuses et les mœurs des Ansariés ont fait penser à Burckhardt qu’ils étaient une tribu dépaysée de l’Indoustan : ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils étaient établis en Syrie longtemps avant la conquête des Ottomans ; quelques-uns d’entre eux sont encore idolâtres. Le culte du chien, qui paraît avoir été en honneur chez les anciens Syriens et avoir donné son nom au fleuve du Chien, Nahr-el-Kelb, près de l’ancienne Béryte, s’est, dit-on, conservé parmi quelques familles d’Ansariés. Ce peuple est en décadence, et serait aisément refoulé ou asservi par les Druzes et les Maronites.