Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chrysostome en font mention. Marron habitait le désert, et ses disciples s’étant répandus dans les différentes régions de la Syrie, y bâtirent plusieurs monastères ; le principal était aux environs d’Apamée, sur les bords fertiles de l’Oronte. Tous les chrétiens syriaques qui n’étaient pas alors infectés de l’hérésie des monothélites se réfugièrent autour de ces monastères, et de cette circonstance reçurent le nom de Maronites. Volney, qui a vécu quelques mois parmi eux, a recueilli les meilleurs renseignements sur leur origine ; ils se rapprochent de ceux-ci, que j’ai recueillis moi-même des traditions locales.

Quoi qu’il en soit, les Maronites forment aujourd’hui un peuple gouverné par la plus pure théocratie qui ait résisté au temps ; théocratie qui, menacée sans cesse par la tyrannie des musulmans, a été obligée de rester modérée et protectrice, et a laissé germer des principes de liberté civile prêts à se développer chez ce peuple. La nation des Maronites, qui, selon Volney, était, en 1784, de cent vingt mille âmes, en compte aujourd’hui plus de deux cent mille, et s’accroît tous les jours. Son territoire est de cent cinquante lieues carrées ; mais ce territoire n’a que des limites arbitraires ; il s’étend sur les flancs du Liban, dans les vallées ou dans les plaines qui l’entourent, à mesure que les essaims de la population vont fonder de nouveaux villages. La ville de Zarklé, à l’embouchure de la vallée de Bkâ, vis-à-vis Balbek, qui comptait à peine mille à douze cents âmes il y a vingt ans, en compte maintenant dix à douze mille, et tend à s’augmenter tous les jours.

Les Maronites sont soumis à l’émir Beschir, et forment,