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la mer, et vêtue jusqu’aux deux tiers de son sommet par une brume blanche qu’y a jetée le vent de la nuit. Nul vaisseau n’y peut aborder ; elle n’a de ports que pour les petites barques qui y portent les exilés de Naples et de la Sicile, qui languissent depuis dix années, expiant quelques rêves de liberté précoces.

Malheureux les hommes qui en tout genre devancent leur temps ! leur temps les écrase. — C’est notre sort à nous, hommes impartiaux, politiques, rationnels, de la France. — La France est encore à un siècle et demi de nos idées. — Elle veut en tout des hommes et des idées de secte et de parti : que lui importe du patriotisme et de la raison ? c’est de la haine, de la rancune, de la persécution alternative, qu’il faut à son ignorance ! Elle en aura jusqu’à ce que, blessée avec les armes mortelles dont elle veut absolument se servir, elle tombe, ou les rejette loin d’elle pour se tourner vers le seul espoir de toute amélioration politique : Dieu, sa loi ; et la raison, sa loi innée.




21 juillet 1832.


La mer, à mon réveil, après une nuit orageuse, semble jouer avec le reste du vent d’hier ; — l’écume la couvre encore comme les flocons à demi essuyés qui tachent les flancs