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Quant à un voyage, c’est-à-dire à une description complète et fidèle des pays qu’on a parcourus, des événements personnels qui sont arrivés au voyageur, de l’ensemble des impressions des lieux, des hommes et des mœurs, sur eux, j’y ai encore moins songé. Pour l’Orient, cela est fait aussi ; cela est fait en Angleterre, et cela se fait en France en ce moment, avec une conscience, un talent et un succès que je n’aurais pu me flatter de surpasser : M. de Laborde écrit et dessine avec le talent du voyageur en Espagne, et le pinceau de nos premiers artistes ; M. Fontanier, consul à Trébisonde, nous donne successivement des portraits exacts et vivants des parties les moins explorées de l’empire ottoman ; et la Correspondance d’Orient, par M. Michaud, de l’Académie française, et par son jeune et brillant collaborateur, M. Poujoulat, satisfait complétement à tout ce que la curiosité historique, morale et pittoresque, peut désirer sur l’Orient. M. Michaud, écrivain expérimenté, homme fait, historien classique, enrichit la description des lieux qu’il parcourt de tous les souvenirs, vivants pour lui, des croisades ; il fait la critique des lieux par l’histoire, et de l’histoire par les lieux ; son esprit mûr et analytique se fait jour à travers le passé comme à travers les mœurs des peuples qu’il visite, et répand le sel de sa piquante