Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/457

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la vallée, dans cet endroit, n’est pas plus large que son fleuve. Ce fleuve, sans eau, trace seulement un lit rapide de cailloux blancs au fond de cette gorge. La vallée de Josaphat, en un mot, ressemble tout à fait à un de ces fossés creusés au pied des hautes fortifications d’une grande ville, où l’égout de la ville roule en hiver ses immondices, où quelques pauvres habitants des faubourgs disputent un coin de terre aux remparts pour cultiver quelques légumes, où les chèvres et les ânes abandonnés vont brouter, sur les pentes escarpées, l’herbe flétrie par les immondices et la poussière. Semez le sol de pierres sépulcrales appartenant à tous les cultes du monde, et vous aurez devant les yeux la vallée du Jugement.




Même date.


Voici la fontaine de Siloé, la source unique de la vallée, la source inspiratrice des rois et des prophètes ; je ne sais comment tant de voyageurs ont eu de la peine à la découvrir, et se disputent encore sur le site qu’elle occupait. La voilà tout entière pleine d’eau limpide et savoureuse, répandant l’haleine des eaux dans cet air embrasé et poudreux de la vallée, creusée de vingt marches dans le rocher dont la cime portait le palais de David, avec sa voûte de blocs de pierre polis par les siècles, et tapissés, dans leurs jointures,