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tions : que ce fût ici ou là, toujours est-il que ce ne fut pas loin des sites qu’on nous désigne.

Après un moment de méditation profonde et silencieuse donné, dans chacun de ces lieux sacrés, au souvenir qu’il retraçait, nous redescendîmes dans l’enceinte de l’église, et nous pénétrâmes dans le monument intérieur qui sert de rideau de pierre ou d’enveloppe au tombeau même : il est divisé en deux petits sanctuaires ; dans le premier se trouve la pierre où les anges étaient assis quand ils répondirent aux saintes femmes : Il n’est plus là, il est ressuscité ; le second et dernier sanctuaire renferme le sépulcre, recouvert encore d’une espèce de sarcophage de marbre blanc qui entoure et cache entièrement à l’œil la substance même du rocher primitif dans lequel le sépulcre était creusé. Des lampes d’or et d’argent, alimentées éternellement, éclairent cette chapelle, et des parfums y brûlent nuit et jour ; l’air qu’on y respire est tiède et embaumé. Nous y entrâmes un à un séparément, sans permettre à aucun des desservants du temple d’y pénétrer avec nous, et séparés par un rideau de soie cramoisie du premier sanctuaire. Nous ne voulions pas qu’aucun regard troublât la solennité du lieu, ni l’intimité des impressions qu’il pourrait inspirer à chacun selon sa pensée et selon la mesure et la nature de sa foi dans le grand événement que ce tombeau rappelle ; chacun de nous y resta environ un quart d’heure, et nul n’en sortit les yeux secs.

Quelle que soit la forme que les méditations intérieures, la lecture de l’histoire, les années, les vicissitudes du cœur et de l’esprit de l’homme, aient donnée au sentiment reli-