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lèvent leur élégante architecture et la couleur éclatante de leurs murailles, par la forme pyramidale et la sombre verdure qui se découpent sur la façade des temples et des dômes de la ville. Au delà des deux mosquées et de l’emplacement du temple, Jérusalem tout entière s’étend et jaillit, pour ainsi dire, devant nous, sans que l’œil puisse en perdre un toit ou une pierre, et comme le plan d’une ville en relief que l’artiste étalerait sur une table. Cette ville, non pas comme on nous l’a représentée, amas informe et confus de ruines et de cendres sur lequel sont jetées quelques chaumières d’Arabes, ou plantées quelques tentes de Bédouins ; non pas comme Athènes, chaos de poussière et de murs écroulés, où le voyageur cherche en vain l’ombre des édifices, la trace des rues, la vision d’une ville : mais ville brillante de lumière et de couleur, — présentant noblement aux regards ses murs intacts et crénelés, sa mosquée bleue avec ses colonnades blanches, ses milliers de dômes resplendissants, sur lesquels la lumière d’un soleil d’automne tombe et rejaillit en vapeur éblouissante ; les façades de ses maisons teintes, par le temps et par les étés, de la couleur jaune et dorée des édifices de Pæstum ou de Rome ; ses vieilles tours, gardiennes de ses murailles, auxquelles il ne manque ni une pierre, ni une meurtrière, ni un créneau ; et enfin, au milieu de cet océan de maisons et de cette nuée de petits dômes qui les recouvrent, un dôme noir et surbaissé, plus large que les autres, dominé par un autre dôme blanc : c’est le saint sépulcre et le calvaire ; ils sont confondus et comme noyés, de là, dans l’immense dédale de dômes, d’édifices et de rues qui les environnent ; et il est difficile de se rendre compte ainsi de l’emplacement du Calvaire et de celui du sépulcre, qui, selon les idées que nous donne