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parle le Cantique des cantiques, s’élèvent dans ces vignes : — des figuiers, dont le sommet est déjà dépouillé de feuilles, sont jetés sur les bords de la vigne, et laissent tomber leurs figues noires sur la roche. — À notre droite, le désert de Saint-Jean, où retentit la voix, Vox clamavit in deserto, se creuse, comme un immense abîme, entre cinq ou six hautes et noires montagnes ; et, dans l’intervalle que laissent leurs sommets pierreux, l’horizon de la mer d’Égypte, couvert d’une brume noirâtre, s’entr’ouvre à nos yeux : à notre gauche, et tout près de nous, voici une ruine de tour ou de château antique, sur la pointe d’un mamelon très-élevé, qui se dépouille, comme tout ce qui l’entoure : on distingue quelques autres ruines, semblables aux arches d’un aqueduc, descendant de ce château : sur la pente de la montagne, quelques ceps croissent à leurs pieds, et jettent sur ces arches écroulées quelques voûtes de verdure jaune et pâle : un ou deux térébinthes croissent isolés dans ces débris ; c’est Modin, le château et le tombeau des derniers hommes héroïques de l’histoire sacrée, — les Machabées. — Nous laissons derrière nous ces ruines, étincelantes des rayons les plus hauts du matin : ces rayons ne sont pas fondus, comme en Europe, dans une vague et confuse clarté, dans un rayonnement éclatant et universel ; ils s’élancent, du haut des montagnes qui nous cachent Jérusalem, comme des flèches de feu de diverses teintes, réunies à leur centre, et divergeant dans le ciel à mesure qu’ils s’en éloignent : les uns sont d’un bleu légèrement argenté, les autres d’un blanc mat ; ceux-ci d’un rose tendre et pâlissant sur leurs bords, ceux-là d’une couleur de feu ardent, et chauds comme les rayons d’un incendie, — divisés, et cependant harmonieusement accordés, par des teintes succes-