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20 octobre 1832.


Déjeuné au pavillon de M. Cattafago, avec un de ses frères et quelques Arabes. Parcouru de nouveau les environs de Nazareth ; visité la pierre dans la montagne où Jésus allait, selon les traditions, prendre ses repas avec ses premiers disciples. M. Cattafago me remet des lettres pour Saint-Jean d’Acre et pour le mutzelin de Jérusalem.

Le 21, à six heures du matin, nous partons de Nazareth. Tous les Pères espagnols et italiens du couvent, réunis dans la cour, se pressent autour de nos chevaux, et nous offrent, les uns des vœux et des prières pour notre voyage, les autres des provisions fraîches, du pain excellent cuit pendant la nuit, des olives, et du chocolat d’Espagne. Je donne cinq cents piastres au supérieur pour payer son hospitalité. Cela n’empêche pas quelques-uns des jeunes Pères espagnols de me glisser tout bas leur requête à l’oreille, et de recevoir furtivement quelques poignées de piastres pour s’acheter le tabac et les autres petites douceurs monacales qui distraient leur solitude. Les voyageurs ont fait une peinture romanesque et fausse de ces couvents de terre sainte. Rien n’est moins poétique ni moins religieux, vu de près. La pensée en est grande et belle. Des hommes s’arrachent aux délices de la civilisation d’Occident pour aller exposer leur existence ou mener une vie de privations et de martyre parmi les persécuteurs de leur culte, sur les lieux mêmes où