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— Il y a sympathie, il y a affinité entre l’homme et la terre dont il fut formé, dont il est sorti. — Il est bien, il est doux de lui rapporter à sa place ce peu de poussière qu’on lui a empruntée pour quelques jours. Faites que je dorme aussi, ô mon Dieu, dans la terre et auprès de la poussière de mes pères !

Neuf heures de marche sans repos nous ramènent à Nazareth par Cana, lieu du premier miracle du Sauveur. Un joli village turc, gracieusement penché sur les deux bords d’un bassin de terre fertile, entouré de collines couvertes de nopals, de chênes et d’oliviers. — Des grenadiers, trois palmiers, des figuiers alentour. — Des femmes et des troupeaux autour des auges de la fontaine. — Maison de saint Barthélemy, apôtre, dans le village. — À côté, maison où eut lieu le miracle de l’eau changée en vin : elle est en ruines et sans toit. — Les religieux montrent encore les jarres qui continrent le vin du prodige. — Broderies monacales qui déparent partout la simple et riche étoffe des traditions religieuses.

Après nous être reposés et désaltérés un moment au bord de la fontaine de Cana, nous nous remettons en marche, par un clair de lune, vers Nazareth. Nous traversons quelques plaines assez bien cultivées, puis une série de collines boisées qui s’élèvent à mesure qu’elles s’approchent de Nazareth. Après trois heures et demie de marche, nous arrivons aux portes du couvent latin, où nous sommes reçus de nouveau à Nazareth.

À mon réveil, je fus étonné d’entendre une voix qui me