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la retrouver. — Leurs flancs, quoiqu’ils ne laissent passage à aucune véritable vallée, ne forment pas un rempart toujours égal ; ils sont creusés, de distance en distance, de profondes et larges ravines, comme si les montagnes avaient éclaté sous leur propre poids ; et les accidents naturels de la lumière et de l’ombre font de ces ravines des taches lumineuses, ou plus souvent obscures, qui attirent l’œil, et rompent l’uniformité des contours et de la couleur. — Plus bas, elles s’affaissent sur elles-mêmes, et avancent çà et là, sur le lac, des mamelons ou des monticules arrondis : transition douce et gracieuse entre les sommets et les eaux qui les réfléchissent. Presque nulle part, du côté de l’orient, le rocher ne perce la couche végétale dont elles sont grassement revêtues ; et cette Arcadie de la Judée réunit ainsi toujours, à la majesté et à la gravité des contrées montagneuses, l’image de la fertilité et de l’abondance variées de la terre. Si les rosées de l’Hermon tombaient encore sur son sein ! — Au bout du lac, vers le nord, cette chaîne de montagnes s’abaisse en s’éloignant ; on distingue de loin une plaine qui vient mourir dans les flots, et, à l’extrémité de cette plaine, une masse blanche d’écume qui semble rouler d’assez haut dans la mer. — C’est le Jourdain qui se précipite de là dans le lac, qu’il traverse sans y mêler ses eaux, et qui va en sortir tranquille, silencieux et pur, à l’endroit où nous l’avons décrit.

Toute cette extrémité nord de la mer de Galilée est bordée d’une lisière de champs qui paraissent cultivés ; on y distingue des chaumes jaunissants de la dernière récolte, et de vastes champs de joncs que les Arabes cultivent partout où il se trouve une source pour en arroser le pied. — Du