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ou par où il faut passer : et son esprit n’a aucun préjugé, aucune prévention, pas même ceux de sa foi religieuse, qui est sincère et fervente.

Six domestiques, presque tous anciens ou nés dans la maison paternelle, complètent notre équipage. Tous partent avec joie, et mettent à ce voyage un intérêt personnel. Chacun d’eux croit voyager pour lui-même, et brave gaiement les fatigues et les périls que je ne leur ai point dissimulés.




En rade, mouillé devant le petit golfe de Montredon, le 10 juillet 1832.


Je suis parti : les flots ont maintenant toute notre destinée. Je ne tiens plus à la terre natale que par la pensée des êtres chéris que j’y laisse encore, par la pensée surtout de mon père et de mes sœurs.

Pour m’expliquer à moi-même comment, touchant déjà à la fin de ma jeunesse, à cette époque de la vie où l’homme se retire du monde idéal pour entrer dans le monde des intérêts matériels, j’ai quitté ma belle et paisible existence de Saint-Point, et toutes les innocentes délices du foyer domestique charmé par une femme, embelli par un enfant ; pour m’ex-