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c’est vous répondre. — Chrétien ! reprit-elle après un léger signe d’humeur ; — moi aussi, je suis chrétienne ; mais celui que vous appelez le Christ n’a-t-il pas dit : « Je vous parle encore par paraboles ; mais celui qui viendra après moi vous parlera en esprit et en vérité. » — Eh bien ! c’est celui-là que nous attendons ! Voilà le Messie qui n’est pas venu encore, qui n’est pas loin, que nous verrons de nos yeux, et pour la venue de qui tout se prépare dans le monde ! — Que répondrez-vous ? et comment pourrez-vous nier ou rétorquer les paroles mêmes de votre Évangile que je viens de vous citer ? Quels sont vos motifs pour croire au Christ ? — Permettez-moi, repris-je, Milady, de ne pas entrer avec vous dans une semblable discussion : je n’y entre pas avec moi-même. — Il y a deux lumières pour l’homme : l’une qui éclaire l’esprit, qui est sujette à la discussion, au doute, et qui souvent ne conduit qu’à l’erreur et à l’égarement ; l’autre, qui éclaire le cœur et qui ne trompe jamais, car elle est à la fois évidence et conviction ; et, pour nous autres misérables mortels, la vérité n’est qu’une conviction. Dieu seul possède la vérité autrement et comme vérité ; nous ne la possédons que comme foi. — Je crois au Christ, parce qu’il a apporté à la terre la doctrine la plus sainte, la plus féconde et la plus divine qui ait jamais rayonné sur l’intelligence humaine. — Une doctrine si céleste ne peut être le fruit de la déception et du mensonge. — Le Christ l’a dit comme le dit la raison. — Les doctrines se connaissent à leur morale, comme l’arbre se connaît à ses fruits ; les fruits du christianisme (je parle de ses fruits à venir plus encore que de ses fruits déjà cueillis et corrompus) sont infinis, parfaits et divins ; — donc la doctrine elle-même est divine ; — donc l’auteur est un Verbe divin, comme il se nommait