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jamais péri, qui y vit encore. — Je la possède. — Je lis dans les astres. Nous sommes tous enfants de quelqu’un de ces feux célestes qui présidèrent à notre naissance, et dont l’influence heureuse ou maligne est écrite dans nos yeux, sur nos fronts, dans nos traits, dans les délinéaments de notre main, dans la forme de notre pied, dans notre geste, dans notre démarche. Je ne vous vois que depuis quelques minutes ; eh bien ! je vous connais comme si j’avais vécu un siècle avec vous. — Voulez-vous que je vous révèle à vous-même ? voulez-vous que je vous prédise votre destinée ? — Gardez-vous-en bien, Milady ! lui répondis-je en souriant. Je ne nie pas ce que j’ignore ; je n’affirmerai pas que dans la nature visible et invisible, où tout se tient, où tout s’enchaîne, des êtres d’un ordre inférieur comme l’homme ne soient pas sous l’influence d’êtres supérieurs, comme les astres ou les anges ; mais je n’ai pas besoin de leur révélation pour me connaître moi-même, — corruption, infirmité et misère ! — Et quant aux secrets de ma destinée future, je croirais profaner la Divinité qui me les cache, si je les demandais à la créature. — En fait d’avenir, je ne crois qu’à Dieu, à la liberté, et à la vertu. — N’importe, me dit-elle ; croyez ce qu’il vous plaira. Quant à moi, je vois évidemment que vous êtes né sous l’influence de trois étoiles heureuses, puissantes et bonnes, qui vous ont doué de qualités analogues, et qui vous conduisent à un but que je pourrais, si vous vouliez, vous indiquer dès aujourd’hui. — C’est Dieu qui vous amène ici pour éclairer votre âme ; vous êtes un de ces hommes de désir et de bonne volonté dont il a besoin, comme d’instruments, pour les œuvres merveilleuses qu’il va bientôt accomplir parmi les hommes. — Croyez-vous le règne du Messie arrivé ? — Je suis né chrétien, lui dis-je :