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Adieu donc, mon vieux père ; adieu, mes sœurs chéries ;
Adieu, ma maison blanche à l’ombre du noyer ;
Adieu, mes beaux coursiers oisifs dans mes prairies ;
Adieu, mon chien fidèle, hélas ! seul au foyer !
Votre image me trouble, et me suit comme l’ombre
De mon bonheur passé, qui veut me retenir :
Ah ! puisse se lever moins douteuse et moins sombre

L’heure qui doit nous réunir !


Et toi, terre livrée à plus de vents et d’onde
Que le frêle navire où flotte mon destin,
Terre qui porte en toi la fortune du monde,
Adieu ! ton bord échappe à mon œil incertain.
Puisse un rayon du ciel déchirer le nuage
Qui couvre trône et temple, et peuple et liberté,
Et rallumer plus pur sur ton sacré rivage

Ton phare d’immortalité !


Et toi, Marseille, assise aux portes de la France
Comme pour accueillir ses hôtes dans tes eaux,
Dont le port sur ces mers, rayonnant d’espérance,
S’ouvre comme un nid d’aigle aux ailes des vaisseaux ;
Où ma main presse encor plus d’une main chérie,
Où mon pied suspendu s’attache avec amour.
Reçois mes derniers vœux en quittant la patrie,

Mon premier salut au retour !